Tirer les marrons du feu
En cette période automnale, je découvre que le sens que j’attribuais à l’expression « tirer les marrons du feu » est exactement à l’inverse de son sens premier!
Mais tout d’abord, d’où vient cette expression? Elle est issue d’une fable de la Fontaine, le singe et le chat , où un singe rusé (Bertrand) obtient d’un chat crédule (Raton) qu’il prenne tous les risques pour son seul intérêt :
« Aussitôt fait que dit : Raton avec sa patte,
D’une manière délicate
Écarte un peu la cendre, et retire les doigts,
Puis les reporte à plusieurs fois;
Tire un marron, puis deux, et puis trois en escroque,
Et cependant Bertrand les croque. »
Alors, moi qui pensais que celui qui tirait les marrons du feu était un petit malin qui savait se sortir et tirer profit de situations délicates, c’est tout le contraire : celui qui tire les marrons du feu est le benêt de service qui prend tous les risques au bénéfice des autres…
Bon, je me console en découvrant que je suis loin d’être la seule, et que cette signification inversée prend même le pas sur la signification de départ!
Exemple : Si la gauche court après Nicolas Sarkozy, je vous laisse deviner qui va tirer les marrons du feu. Ce sera probablement Jean-Marie Le Pen […]. — (Le Figaro, 25 mars 2007). [exemple wikipedia]
Mais en y réfléchissant bien, au départ l’expression était : « tirer les marrons du feu avec la patte du chat » et pouvait donc signifier : faire agir quelqu'un à sa place, utiliser quelqu’un à son profit dans des situations délicates, comme le singe de la fable utilisait la patte du chat…Y aurait-il eu une première inversion de sens avec la suppression de la deuxième partie de l'expression, et donc aujourd’hui inversion d’inversion de sens ? On se retrouverait alors pratiquement avec le sens de départ, la connotation de profiteur étant peut-être moins explicite aujourd'hui… :-)
Et puis, comme de toute façon, les marrons, ça n'est pas comestible, je m'en vais acheter des châtaignes…