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le blog éclectique de mimi
25 décembre 2014

Le conte du sapin d'Andersen (2)

(...)
L’arbre ne revint à lui qu’au moment où avec plusieurs autres il fut déchargé dans une grande cour. Un homme arriva et dit en le désignant : « Celui-ci est magnifique ; c’est ce qu’il nous faut. »

Vinrent ensuite deux domestiques eu superbe livrée, qui portèrent le sapin dans le salon d’un grand seigneur ; partout des tableaux d’un grand prix, sur la cheminée des porcelaines de Chine ; les meubles étaient d’ébène et garnis de satin ; les tables couvertes d’objets d’art, de livres illustrés et de magnifiques gravures.

— Il y en a pour cent fois cent écus, disaient les enfants.

On planta le sapin dans une grande caisse pleine de sable ; cette caisse était recouverte et comme vêtue d’étoffes de mille couleurs.

Oh ! comme il tremblait ! que devait-il donc lui arriver ?

Les enfants et les domestiques se mirent à l’orner. Ils suspendirent à ses branches de petits cornets de papier doré remplis de bonbons. Ensuite ils y attachèrent des pommes et des noisettes argentées, toutes sortes de joujoux et plus de cent petites bougies rouges, bleues et blanches. Des poupées qui ressemblaient à de véritables enfants, telles que l’arbre n’en avait jamais vues, se reposaient sur ses branches, et, au sommet de sa couronne, étincelait une étoile semblable à un diamant.

Quel luxe ! quelle splendeur !

— Ce soir, s’écrièrent les enfants, comme il sera beau et brillant de lumières !

— Oh ! pensa l’arbre, je voudrais déjà être à ce soir, et que toutes les bougies fussent allumées ; mais qu’arrivera-t-il après ? Les autres arbres de la forêt viendront-ils me regarder ; les moineaux me verront-ils à travers la fenêtre ; resterai-je ici, hiver et été, toujours paré ainsi ?

Pauvre sapin, qu’il devinait mal ! Et cependant ces réflexions étaient un supplice pour lui.

Le soir arriva, et les bougies furent allumées. Quelle magnificence ! L’arbre tremblait si fort qu’une bougie en tombant mit le feu à l’une de ses branches :

— Aie ! aie ! s’écria-t-il en frémissant.

— Au secours, au secours ! crièrent les enfants. Les domestiques accoururent et éteignirent le feu. Dès ce moment l’arbre n’osa plus trembler  ; il avait peur d’endommager sa parure ; il était tout étourdi de sa splendeur.

Tout à coup les portes s’ouvrirent et une joyeuse troupe d’enfants se précipita dans le salon. Derrière eux venaient les parents.

D’abord les petits restèrent muets d’admiration à la vue de l’arbre de Noël ; mais bientôt ils commencèrent à pousser des cris de joie, et se mirent à danser en rond autour de lui. Bientôt le tirage des lots commença. Chacun avait son numéro ; peu à peu l’arbre se dégarnit. À mesure qu’un numéro était appelé il perdait un de ses joyaux, qui, de ses branches, passait aux mains émues des enfants.

— Que font-ils ? pensa l’arbre ; que va-t-il m’arriver ? Cependant tout ce qu’il avait eu de plus précieux avait peu à peu été détaché de ses branches, les bougies aussi se consumèrent et furent éteintes l’une après l’autre. Alors les parents permirent le pillage des menus objets et des bonbons qui restaient. Les enfants ne se le firent pas dire deux fois. Ils se jetèrent sur le sapin avec tant d’impétuosité qu’il eût été renversé, si son étoile qui le fixait au plafond ne l’eût retenu. Après l’avoir complètement dépouillé de ses ornements, les jeunes pillards se remirent à danser et à jouer ; et personne ne fit plus attention à l’arbre, si ce n’est la vieille bonne, qui vint regarder si l’on n’y avait pas laissé, par hasard, une orange ou une figue dont elle pût faire son profit.

— Une histoire ! une histoire ! s’écrièrent les enfants, et ils attirèrent vers l’arbre un bon et gai vieillard qui s’était fait le compagnon de leurs jeux malgré son âge, et qui s’assit.

— Nous sommes là sous un arbre, dit-il. Ce pauvre sapin coupé nous représente une forêt et peut-être pourra-t-il profiter de ce que je vais vous raconter. Je ne vous dirai qu’une seule histoire. Voulez-vous celle d’Ivède-Avède, ou celle de Cloumpe-Doumpe qui roula en bas d’un escalier ; ce qui ne l’empêcha pas d’arriver plus tard à de grands honneurs, et d’épouser une princesse.

— Ivède-Avède, crièrent les uns ; Cloumpe-Doumpe, dirent les autres.

Et le bonhomme raconta l’histoire de Cloumpe-Doumpe qui roula en bas d’un escalier et épousa une princesse.

Les enfants applaudirent en criant : « Encore une ! encore une ! »

Ils voulaient entendre aussi celle d’Ivède-Avède ; mais ils furent obligés de se contenter de Cloumpe-Doumpe.

Cependant le sapin restait muet et pensif ; jamais les oiseaux de la forêt ne lui avaient raconté rien de pareil.

— Cette histoire doit être vraie, se dit-il, car celui qui l’a racontée m’a l’air d’un bien honnête homme. Qui sait si, moi aussi, je ne finirai pas par rouler en bas d’un escalier et par épouser une princesse. Demain ils vont probablement m’orner de nouveau, me couvrir de lumières, de joujoux, d’or et de fruits ; je me redresserai fièrement et j’entendrai encore une fois l’histoire de Cloumpe-Doumpe et peut-être celle d’Ivède-Avède par-dessus le marché.

Puis il s’abandonna à ses pensées, et resta toute la nuit sombre et silencieux.

Le lendemain matin, les domestiques entrèrent dans le salon.

— Ils vont me faire une nouvelle toilette, pensa l’arbre.

Mais il fut traîné hors de la chambre, monté dans le grenier et jeté dans un coin obscur.

— Qu’est-ce que cela signifie, se demanda-t-il ; que vais-je faire ici ?

Et il s’appuya contre le mur en réfléchissant.

En vérité, il avait le temps de réfléchir ; car les jours et les nuits se passèrent sans que personne entrât dans le grenier : lorsqu’on y vint un jour, c’était pour chercher quelques vieilles caisses, le sapin restait où il était ; on l’eût dit complètement oublié.
(...)

la suite demain...

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Commentaires
A
Ach wonderbahr !<br /> <br /> http://youtu.be/LieDB2SG5To
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