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le blog éclectique de mimi
24 décembre 2014

le conte du sapin d'Andersen (1)

Au milieu d’une forêt, en une belle place bien aérée et éclairée par le soleil, croissait un charmant petit sapin. Tout autour de lui se trouvaient une quantité de camarades plus âgés et par conséquent plus grands que lui : des pins altiers et des chênes énormes.

Le plus ardent désir du petit sapin était d’égaler en hauteur ses voisins. Ce désir était tel qu’il ne faisait plus attention au brillant soleil et au ciel bleu ; les joyeux enfants du voisinage qui, en chantant et babillant, cueillaient des fraises et des framboises, passaient inaperçus devant lui. Souvent, quand ils avaient fait de fruits ample provision, ils venaient s’asseoir auprès du petit sapin en disant :

— Comme il est joli et mignon ! Ah ! le beau petit arbre !

Ces paroles, qui auraient dû lui plaire, le remplissaient de dépit.

— Petit, disait-il, toujours petit !

Chaque année, au printemps, il faisait une poussée, et l’année suivante, une poussée encore. Il eût voulu en faire dix.

— Oh ! que je voudrais donc être grand, soupirait-il ; j’étendrais mes branches au loin et de ma cime je dominerais le monde ! Les oiseaux construiraient leurs nids dans mon feuillage, et, lorsque le vent souffle, je saurais m’incliner avec autant de majesté et de grâce que mes orgueilleux camarades.

Ces mauvaises pensées le rendaient insensible à tout ce qui aurait dû le charmer.

Il ne se souciait plus ni des concerts joyeux des oiseaux qui chantaient dans les feuilles, ni des beaux nuages pourprés qui matin et soir flottaient au-dessus de lui, dans l’azur des cieux.

L’hiver arriva et avec lui la neige blanche et étincelante. Souvent un lièvre, poursuivi par les chasseurs, franchissait d’un saut le petit sapin, et cette familiarité blessait au vif son orgueil.

Après deux hivers, il avait grandi assez pour que les lièvres fussent obligés de passer sous ses branches. Ce progrès était trop lent à son gré.

Pousser, grandir et devenir vieux, c’est ce qu’il y a au monde de plus beau, pensait l’arbre.

En automne vinrent des bûcherons qui abattirent quelques-uns des plus grands arbres ; tous les ans ils en firent autant. Le jeune sapin ne les voyait plus qu’avec terreur ; car les grands et magnifiques arbres tombaient avec fracas sous leurs cognées. On en coupait les branches, et ils avaient alors l’air si nus et si décharnés qu’on pouvait à peine les reconnaître. Puis on les chargeait sur une voiture, et les chevaux les traînaient hors de la forêt. — Où allaient-ils  ? que devenaient-ils ?

Au printemps, lorsque les hirondelles et les cigognes revenaient, l’arbre de leur dire :

— Ne savez-vous pas où on les a conduits, ne les auriez-vous pas rencontrés ?

Les hirondelles n’en savaient rien, mais une cigogne, réfléchissant un peu, répondit :

— Je crois le savoir ; en m’envolant de l’Égypte, j’ai rencontré plusieurs navires ornés de mâts neufs et magnifiques ; je crois que c’étaient eux : ils exhalaient une forte odeur de sapin. Comme ils étaient fiers de leur nouvelle position !

— Oh ! si j’étais assez grand pour naviguer sur la mer ! Dites-moi, comment est la mer ? À quoi ressemble-t-elle ?

— Ce serait trop long à expliquer, dit la cigogne, et elle s’envola.

— Réjouis-toi de ta jeunesse, lui disaient les rayons du soleil. Réjouis-toi de la beauté, et de ta vie pleine de sève et de fraîcheur  !

Et le vent caressait l’arbre, et la rosée répandait ses larmes sur lui, mais le sapin n’y prenait point intérêt.

Vers la Noël les bûcherons coupaient souvent de jeunes arbres, qui n’étaient pas même aussi grands que notre sapin. Comme les autres ils étaient chargés sur une voiture et traînés par des chevaux hors de la forêt.

— Où vont-ils ? demanda le sapin. Il y en a qui sont plus petits que moi ; on leur a laissé toutes leurs branches. Où vont-ils ?

— Nous le savons bien, nous le savons bien, gazouillèrent les moineaux. Nous avons été dans la ville, et nous avons regardé à travers les fenêtres. Ils sont arrivés au plus haut point du bonheur et de la magnificence ; on les a plantés au milieu d’une belle chambre bien chauffée pour les orner ensuite de pain d’épices, de bonbons, de joujoux et de cent lumières.

— Et puis… demanda le sapin en frémissant de toutes ses branches ; et puis qu’est-il arrivé  ?

— C’est tout ce que nous avons vu, mais c’était bien beau  !

— Est-ce que moi aussi je serais destiné à une carrière aussi brillante ? pensa le sapin ; cela vaudrait encore mieux que de naviguer sur la mer. Oh ! que le temps est long ! Quand serons-nous à Noël, pour que je parte avec les autres ? Je me vois déjà dans une belle chambre bien chaude, chargé d’ornements. — Et ensuite… — Oui, ensuite il viendrait probablement quelque chose de mieux encore ; sans cela pourquoi nous parer avec tant de luxe ? Comme je suis curieux de savoir ce qui m’arriverait, je souffre d’impatience ; vraiment je suis bien malheureux !

— Réjouis-toi lui disaient le ciel et les rayons du soleil : réjouis-toi de ta jeunesse qui fleurit au sein de la nature paisible.

Toujours inquiet, le sapin, croissait toujours. Son feuillage devenu plus épais et d’un beau vert attirait les yeux du passant, qui ne pouvait s’empêcher de dire : « Quel bel arbre ! »

Noël arriva et il fut choisi le premier. La hache le frappa au cœur. Après un soupir, il tomba presque évanoui. Au lieu de penser à son bonheur, il se sentit tout affligé de quitter le lieu de sa naissance. Il savait qu’il ne reverrait plus ses anciens camarades, les petits buissons, les gracieuses fleurs, qui l’avaient entouré, peut-être pas même les oiseaux.

Son départ le rendait tout triste.
(...)

La suite demain...

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Commentaires
M
Il faut toujours un conte de Noël pour enchanter les jours de fête.Merci de nous donner l'occasion de nous en souvenir...<br /> <br /> Joyeux Noël
Répondre
A
Il va se faire enguirlander, sans aucun doute ];-D<br /> <br /> Passe un bon Noël )
Répondre
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  • blog reflétant mon intérêt pour la nature, l'art, la réflexion personnelle, mon regard sur le monde et la vie à travers haïkus, poésie, photos de paysages, parfois insolites, citations, petites histoires, contes, mots, arts visuels, musique, humour...
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