Julos et la peine de mort
Après beaucoup de faits divers sordides, assassinats monstrueux, on voit çà et là réapparaître la tentation de remettre la peine de mort à l’ordre du jour.
Il y a plusieurs années, j’ai vu une émission de télé sur le sujet, dans laquelle Julos Beaucarne, chanteur belge, était invité. (Je rappelle qu’un soir en rentrant chez lui, il a découvert sa femme assassinée de plusieurs coups de couteau). Eh bien, il réaffirmait son attachement à l’abolition de la peine de mort, sachant que celle-ci n’a pas d’effet dissuasif, et en posant à peu de choses près cette question : «Qu’est-ce donc qu’une société qui tue les gens pour leur apprendre à vivre ? »
Le soir où il a découvert sa femme assassinée, il a écrit ceci dans la nuit:
"Amis bien aimés, Ma Loulou est partie vers le pays de l’envers du décor. Un homme lui a donné neuf coups de poignard dans sa peau douce. C’est la société qui est malade. Il nous faut la remettre d’aplomb et d’équerre par l’amour et l’amitié et la persuasion. C’est l’histoire de mon petit amour à moi, arrêté sur le seuil de ses trente-deux ans.
Ne perdons pas courage, ni vous ni moi. Je vais continuer ma vie et mes voyages avec ce poids à porter en plus et mes deux chéris qui lui ressemblent.
Sans vouloir vous commander, je vous demande d’aimer plus que jamais ceux qui vous sont proches. Ce monde est une triste boutique. Les cœurs purs doivent se mettre ensemble. Pour l’embellir, il faut reboiser l’âme humaine.
Je resterai un jardinier. Je cultiverai mes plantes de langage. A travers mes dires, vous retrouverez ma bien-aimée. Il n’est de vrai que l’amitié et l’amour. Je suis maintenant au fond du panier des tristesses. On doit manger chacun, dit-on, son sac de charbon pour aller au paradis. Ah ! J’aimerais bien qu’il y ait un paradis. Comme ce serait doux, les retrouvailles.
En attendant, à vous autres, mes amis de l’ici-bas, face à ce qui m’arrive, je prends la liberté, moi qui ne suis qu’un histrion, qu’un batteur de planches, qu’un comédien qui fait du rêve avec du vent, je prends la liberté de vous écrire pour vous dire ce à quoi je pense aujourd’hui : je pense de toutes mes forces qu’il faut s’aimer à tort et à travers".
Il y a certainement une leçon à prendre auprès de cet homme-là, qui a su éviter la haine et inviter à l’amour, même dans les moments les plus durs…